Adnane Addioui - insuffler aux jeunes la possibilité de passer à l'action

Coca‑Cola Maroc lance cette année son University Program. Objectif : accompagner les étudiants de l'université publique Hassan II (Casablanca) à développer leurs compétences personnelles et professionnelles.

Au sein de l'établissement, Coca‑Cola organise des rencontres mensuelles avec des personnalités inspirantes. Le 11 février dernier, c'est l'entrepreneur social Adnane Addioui qui s'est prêté au jeu, en une séance de coaching qui s'est terminée en standing ovation. Rencontre. 

Vous avez intitulé votre talk devant les étudiants de l'Université Hassan II, "Be good, do good".  Mode d'emploi ?

Être bien avec soi-même pour l'être ensuite avec les autres. Ne surtout pas déconnecter sa responsabilité individuelle de sa responsabilité sociétale. Je suis entrepreneur social, j'ai ce biais qui veut qu'innover, c'est avant tout trouver des solutions à des problématiques sociales, pour et par les personnes concernées.

Les étudiants vous ont bombardé de questions. On a senti une curiosité pour votre parcours d'entrepreneur et une soif de conseils...

J'observe souvent que la première barrière que les jeunes ont, c'est le mindset : celui de croire qu'ils ne peuvent pas parce qu'il y a toujours meilleurs qu'eux. Une initiative comme le Coca‑Cola U Program est très importante pour montrer qu'il y a des alternatives et insuffler aux gens la possibilité de passer à l'action. Cela permet de leur rappeler qu'ils sont les acteurs de leur futur : "vous êtes responsables de vous-même. Si vous avez besoin de quelque chose, demandez-le non pas parce que cela vous est dû mais parce que vous le valez bien". Après le talk, un jeune homme m'a confié qu'il voulait démarcher Coca‑Cola pour un stage. Je lui ai conseillé de prendre l'équation dans l'autre sens. Que fait-il pour que ce soit Coca‑Cola qui vienne le catcher ? 

Cela passe-t-il par les fameux soft skills?

Je n'aime pas ce terme fourre-tout, je préfère largement celui de "compétences de vie" comme savoir parler en public, résoudre des conflits, identifier des problématiques… Je dis toujours : "Apprends à apprendre, apprends à désapprendre, apprends à réapprendre". L'apprentissage n'est pas monolithique ni figé.  Ne vous limitez pas à ce que la fac vous donne, cherchez les tendances qui se passent dans le monde, apprenez des langues, maximisez les apprentissages. Ne restez pas cloisonnés à un seul domaine. Cela passe par le fait de multiplier les opportunités, les stages, les échanges et les événements comme celui-ci. L'un de mes déclics lorsque j'ai commencé à m'intéresser à l'entrepreneuriat social a été de rencontrer Muhammad Yunus (créateur de la Grameen bank, première institution de microcrédit), ce qui m'a indéniablement ouvert une perspective.

Ce que je remarque aussi dans le discours des jeunes Marocains, c'est qu'il y a beaucoup plus de théorie que de concret. Le simple fait de faire partie d'un projet leur suffit, que celui-ci génère du chiffre d'affaire ou non. Il y a alors l'illusion d'une occupation. Mais l'entrepreneuriat, ce n'est pas vivre dans des rêves. Il faut penser en termes d'échelle et de chiffres pour passer d'un projet à une activité viable. L'échelle, c'est aussi une manière de réfléchir.

S'il ne fallait retenir qu'un ou deux conseils pour devenir un entrepreneur de talent ?

Créez du lien. Partagez vos connaissances. Donnez du sens à ce que vous faites. Proposez des solutions au lieu de critiquer. Pensez en termes d'échelle. Ne réfléchissez pas qu'à aujourd'hui, réfléchissez aux besoins de la société de demain. En somme, dépassez-vous !